Adieu fleuve, bonjour golfe !

C’est un groupe toujours aussi compact de 17 Class40, dans le sillage du grand VOR 70, Atlas Ocean Racing de Gilles Bardot, qui quitte ce matin l’immense Fleuve Saint Laurent, pour aborder le non moins impressionnant golfe éponyme, prélude à l’entrée dans l’océan Atlantique. La grande artère fluviale Québécoise se sera montrée magnanime envers les équipages, qui auront pu s’extraire à bonne allure des pièges des premiers 400 milles de course, avalés au portant et à vitesse respectable. Les voiliers ont entamé hier matin une spectaculaire sarabande de virements de bords au vent arrière, le vent s’étant obstinément calé dans l’axe de sortie du fleuve. Les classements ont ainsi évolué tout au long de la nuit au gré des bords plus ou moins rapprochants tirés au plus près de la Gaspésie. Le mano a mano Franco-Italien entre Amarris d’Achille Nebout et Allagrande-Pirelli d’Ambrogio Beccaria est depuis hier perturbé par l’arrivée tonitruante d’un autre grand favori de l’épreuve, Crédit Mutuel de Ian Lipinski dont le plan Raison de 2019 fait merveille dans les petits airs du Saint Laurent. Cap désormais vers l’archipel Français de Saint Pierre et Miquelon, travers à un golfe du Saint-Laurent qu’anime un léger flux d’Ouest. L’enchainement des empannages et des changements de voiles de portant va se poursuivre tout au long de cette deuxième journée de course pour des marins déjà en dette de sommeil et de repos.

Des  écarts ténus.

Avec plus de 300 milles parcourus en un peu plus de 36 heures, les leaders en Class40 comme en Classe Gerry Roufs ont magnifiquement tiré parti des conditions de portant proposées depuis Québec. En prenant franchement de l’ouest, le vent toujours aussi modéré et irrégulier en force a imposé le fastidieux exercice des empannages le long de la Gaspésie. Les 10 équipages composés de 4 marins se sont ainsi réjouis de leur choix tandis que leurs adversaires ayant fait le pari de la légèreté, sacrifiaient leurs temps de repos aux réglages des grandes voiles d’avant. Avec pas moins de 12 voiliers séparés d’une dizaine de milles, la Transat Québec Saint-Malo tient toutes ses promesses de régate au contact et à couteaux tirés. Chaque navigateur, ou navigatrice, observe ainsi à l’oeil nu ou à la jumelle les décisions des uns et des autres de changer d’amure, et calque sa vitesse sur la progression de ses devanciers. L’équipage Franco-Italien d’Allagrande-Pirelli, Ambriogio Beccaria, associé à Julien Villon et Bastian Oger, s’est porté en tête devant Matane et donne depuis le tempo à un groupe compacte de poursuivants, au premier rang desquels Amarris, d’Achille Nebout, Gildas Mahé et Alan Roberts, qui ne le lâche plus d’une semelle. Bien accroché à ce groupe leader, l’équipage 100% féminin d’Amélie Grassi (Claudia Conti, Anne-Claire Leberre et Marie Riou) sur La Boulangère Bio tient parfaitement la cadence, bord à bord avec les autres favoris de la course, IBSA Group à l’Italien Alberto Bona et Dékuple de William Mathelin.

La tête de flotte de la 10ème transat Québec Saint-Malo en termine donc avec le Saint Laurent sans qu’aucun concurrent n’ait réussi à créer d’écarts significatifs. A l’instar d’une étape de la Solitaire du Figaro ou du Tour de France à la voile, les équipages naviguent de conserve, en quête des routes les plus optimisées, suivant les caps les plus efficaces. 17 bateaux semblent ce matin en mesure de créer un certain écart avec le reste de la flotte, en profitant d’un léger renforcement attendu dans le golfe.

Georges Leblanc en chasse

Après un début de course pour le moins hâché, le skipper Québécois Georges Leblanc (El Unicornio) s’est remis en ordre de marche et s’attache à combler son retard sur le grand Kriter VIII de Wilfrid Clerton. Ces deux voiliers déplorent sans surprise plus de 100 milles de retard sur le leader du Groupe Gerry Roufs, Atlas Ocean racing. L’Open 50 Uship pour enfants du Mékong de Patrick Isoard trouve quant à lui, dans les protagonistes de la Class40, matière à s’étalonner en vitesse et à rivaliser en performance.

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