Le trio des Açores

À quelques 100 milles dans le Nord de l’île de Flores, la plus occidentale de l’archipel des Açores, trois Class40 ouvrent désormais la marche de la flotte de la Transat Québec Saint Malo. Rapides et inspirés dans ce choix de route au Sud d’une dépression en circulation au Nord de l’archipel Portugais, Fabien Delahaye (Legallais) et Achille Nebout (Amarris) s’échangent le commandement au rythme de leurs empannages parfaitement synchronisés. Quelques milles à leur vent, Pierre Louis Attwell (Vogue avec un Crohn) complète un triumvirat aujourd’hui parfaitement positionné pour entamer les derniers 1 000 milles de l’épreuve dans les meilleures conditions. L’heure est toujours à la vitesse au portant sous le cœur de la dépression, sur une mer à présent formée, dans un vent d’Ouest Nord Ouest de plus de 20 nœuds qui, en prenant du Sud, facilitera au reaching la route vers le cap Finisterre, la pointe occidentale de la péninsule ibérique et l’entrée du Golfe de Gascogne.

ETA dans la nuit du 13 au 14 juillet !

Longtemps compacte, la flotte de cette 10ème édition de la Transat Québec Saint Malo s’étire ce matin tant en longitude qu’en latitude sur plusieurs centaines de milles. Objet de toutes les convoitises, en ce 9ème jour de course, le développement dans le Nord Açorien d’une dépression bien creuse, qui génère de la mer et du vent d’Ouest Sud Ouest dont les navigateurs feraient bien leur miel pour rallier sur un bord le cap Finisterre, voire la pointe de Bretagne. Les conditions de vie à bord des Class40 se sont pour toute la flotte considérablement durcies. Mer plus hachée, grisaille voire pluie pour l’arrière de la flotte, seule la vitesse réconforte les âmes, et la perspective d’entrevoir, pour les leaders, la pointe de Bretagne dès vendredi soir ravive les énergies. Dernière ETA : arrivée des premiers à Saint-Malo dans la nuit de samedi à dimanche.

Un finish toujours plus incertain !

Si la course semble désormais promise aux partisans du Sud, l’ordre d’arrivée fait plus que jamais l’objet de vives conjonctures. Le nouveau leader Legallais craint le retour de nombreux concurrents immédiats, en capacité de « couper le fromage », sans devoir pousser aussi loin au Sud le bord suivi par les trois leaders. Pire, le cœur de la dépression peine à se déplacer vers l’Est, bloquant aujourd’hui les trois leaders dans leur tentative d’échappée orientale. Vincent Riou (Pierreval- Fondation  Goodplanet), mais aussi à son vent l’étonnant Keni Piperol (Captain Alternance), les non moins étonnantes filles de La Boulangère Bio, Mathieu Jones (Alternative sailing - Construction  du Belon) et Stéphane Bodin (Wasabii), pourraient dès aujourd’hui recoller au trio de tête, et offrir aux observateurs un finish des plus palpitants

Au bonheur des barreurs.

A l’exception peut-être des trois grands voiliers de la classe Gerry Roufs, Kriter VIII Lycée maritime (Wilfrid Clerton), El Unicornio (Georges Leblanc) et Atlas Ocean Racing (Gilles Bardot), toute la flotte profite depuis déjà 24 heures de conditions rapides de navigation. Les barreurs se régalent sur une mer pas encore bouleversée par la dépression Açorienne. Et chacun d’y aller de son petit record de vitesse sur cette transat, 23, 24, 25 nœuds dans les surfes pour certains. Les routes s’orientent plein Est et les « battus » de l’option Nord se réconfortent à l’idée de faire moins de route que les leaders, et de pouvoir, à la faveur de la belle journée de vitesse qui s’avance, réduire leur déficit avec la tête de la course.

Les mots du large :

Benjamin Schwartz - Legallais

« Nuit mouvementée et tonique. Pas facile de se reposer. Tout est humide. Ça tape, ça plante, et ça use un peu les organismes. On est content d’être à 4 pour pouvoir se reposer et faire marcher le bateau. On a un peu moins de vent que prévu. On vient de faire un de nos derniers empannages pour rejoindre la dépression en notre nord qui va nous mener jusque dans le golfe de Gascogne et la pointe de Bretagne. Difficile de trouver la bonne trajectoire par rapport au centre dépressionnaire. Il faut se mettre derrière ce centre et foncer au reaching vers la pointe de Bretagne. On est un peu bloqué car la dépression n’avance pas assez vite et on pense voir revenir 5 ou 6 concurrents ces prochaines 24 heures. »

Emmanuel Le Roch - Alternative sailing - Construction du Belon

« On vient de vivre une belle nuit agitée par les grains, avec des rafales à plus de 30 nœuds. C’était sportif. On a attaqué comme des fous. On a une belle dépression à négocier ce soir. »

La Manche Évidence Nautique

« On a fait une pointe à 23 nœuds. Journée rapide au soleil ! »

Ian Lipinski - Crédit Mutuel

« On se résigne, un peu comme tous ceux qui ont tenté le Nord. On est allé au bout de l’option mais cela ne passait pas. On fait donc route vers le sud. O va essayer de rattraper la dépression qui permet aux Sudistes de progresser très vite. Ce n’est pas gagné mais on a plus de vent que prévu et on garde le secret espoir de demeurer avec cette dépression et de ne pas avoir trop de retard à l’arrivée. Ça tartine pour l’instant. »

Erwan Le Draoullec - Everial

« Il y a 3 fois plus de vent que prévu. La bête s’emballe. On a bon moral. On est plein gaz sans amortisseur, à 18 nœuds. »

Fabien Delahaye - Legallais

« Ça continue de filer au portant à toute vitesse dans ce qui ressemble aux alizés ! Bizarre de trouver ces conditions au nord des Açores, en faisant de l’est, mais on prend ! Le temps est très instable avec des gros grains et des retours au ciel bleu. Il y a entre 12 et 25 nœuds de vent, ce qui nous oblige à souvent changer de spi. On s’occupe bien, tout en se relayant à la sieste et en manœuvrant à 3. On devrait passer de l’autre côté d’un front aujourd’hui (bascule du vent à droite). On tentera d’attraper la naissance d’une dépression tropicale qui devrait nous emmener en Bretagne, au vent de travers. C’est ce que l’on est venus chercher dans le sud, en se rallongeant beaucoup la route mais ce qui est pour le moment théoriquement gagnant. Affaire à suivre ! Belle bagarre dans notre groupe de 3 avec Amarris et Vogue avec un Crohn, ça oblige à ne rien lâcher ! »

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FLASH-INFO - Perte de safran sur le Class40 Amarris

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Sourires au Sud, grimaces au Nord