Sourires au Sud, grimaces au Nord

Avantage Sudistes !

« Notre stratégie au Nord n’a pas marché ! » Laconique, Ambrogio Beccaria résume en quelques mots l’état d’esprit des skippers lancés peine perdue dans une option septentrionale pourtant mûrement réfléchie. Toujours englués ce matin dans des petits airs, ces Class40 plongent désormais résolument cap au Sud Est, relégués à plus de 200 milles et n’apparaissent plus qu’en fin de classement. La route directe vers la Bretagne est ce matin encore totalement bloquée par une vaste dorsale qui s’étire en ce début de semaine jusqu’au proche Açores. La flotte de la transat glisse en son Ouest sur un flux soutenu à plus de 20 nœuds d’Ouest, idéal pour plonger sous ces zones de hautes pressions, en direction d’une dépression « atypique », comme la qualifie Ian Lipinski, en formation dans le nord de l’archipel portugais. La flotte s’aligne ainsi cap sur l’archipel Açorien, et comme souvent en voile, les voiliers de tête profitent en premier de ces vents portants soutenus, allongent la foulée et accroissent les écarts. Avec plus de 1 400 milles d’une route décidément très incertaine à parcourir, la course est loin d’être jouée et réserve encore bien des rebondissements, notamment à l’approche de la péninsule ibérique. Les Class40 de tête continuent d’allonger la foulée, et vont à tour de rôle empanner cap à l’Est. Ils tutoient désormais les 400 milles parcourus en 24 heures, soit plus de 16 nœuds de moyenne cette dernière journée.

Chambardement en Classe Gerry Roufs

L’option Nord s’étant brutalement changée en impasse, c’est tout l’ordre pré établi depuis Québec des classements de la classe Gerry Roufs qui se trouve bouleversé. Leader incontesté depuis le Saint Laurent, le grand VOR70 de Gilles Bardot Atlas Ocean Racing, piégé au Nord de la flotte, a cédé son fauteuil de leader  à l’Open 50 Uship pour enfants du Mékong de Patrick Isoard. Georges Leblanc et son VOR 65 El Unicornio progresse en troisième position cap à l’Est et au plus proche de la route directe, tandis que Kriter VIII Lycée Maritime se replace au Sud et à bonne allure, en capacité de grimper ce soir sur le podium de ce groupe.

Mots du large :

Julia Virat - Femina Ocean Challenge

« Nuit difficile  sympa. Le bateau marche bien. On a foncé entre 15 et 20 nœuds toute la nuit. Ça fait plaisir de bien avancer. C’est très sport. On est toujours dans la brume. Le bateau est chahuté par les vagues travers à la houle. On est contente. »

Keni Piperol - Captain Alternance

« Nuit noire, pas de lune, pas d’étoile. Le bateau déboule à 19-20 nœuds sous spi. Un peu flippant car on ne voit rien dehors. »

Ambrogio Beccaria – AllaGrande Pirelli

« Un peu triste ce soir. Notre stratégie au Nord n’a pas marché. Il n’y a plus de vent là où nous sommes allés. On a beaucoup cogité ces dernières 24 heurs mais notre choix au Nord n’était pas le bon… la fenêtre s’est refermée. »

Ian Lipinski - Crédit Mutuel

« La situation en Atlantique n’est pas fameuse pour nous qui sommes partis au nord. On avait misé sur un front qui devait balayer la partie nord et nous emmener jusqu’en entrée de Manche. Aujourd’hui les prévisions sont beaucoup moins favorables. Les prévisions semblent malgré tout encore assez instables quant à la fin du parcours. Les sudistes eux vont bénéficier d’une dépression un peu atypique et assez nerveuse qui va se former et se diriger vers l’Espagne. Ils vont aller probablement très vite jusque là bas, et il ne leur restera plus qu’à remonter le Golf de Gascogne... On espère que ce chemin sera pavé d’embûches!  Même si on les aime bien et qu’on ne leur souhaite pas de mal!

L’ambiance à bord est très bonne, et les discussions sur la stratégie ont été animées. Hier la journée était magnifique, et aujourd’hui beaucoup plus maussade avec du crachin. On est accompagné par pas mal d’oiseaux, dont des puffins... Un oiseau s’est réfugié une nuit dans notre bateau pour se reposer. La première partie de la course effectuée nous a apporté de la satisfaction. C’était très excitant de naviguer 5 jours au contact rapproché des autres. On a fait de jolis coups, et de moins bons. Mais globalement on ne s’est pas si mal débrouillé. Le rythme était intense et on peut maintenant se reposer beaucoup plus et récupérer. On n’est pas très large en nourriture car la course est longue. On a commencé à faire un peu attention Aujourd’hui on a fait l’inventaire des stocks.... Ça devrait aller. Mais faut pas que ça s’éternise encore plus! »

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