Une Québec Saint-Malo de tous les superlatifs !
La 10ème édition de la Transat Québec Saint-Malo sera, à n’en point douter, à marquer d’une pierre blanche dans la longue et belle histoire de la course créée en 1984 à l’occasion du 450ème anniversaire de la fondation de Québec par le malouin Jacques Cartier. 27 bateaux était au départ du 30 juin dernier à l’ombre du Château Frontenac, sur le majestueux fleuve Saint Laurent. 4 couraient dans la catégorie Gerry Roufs, en souvenir du navigateur disparu durant le Vendée Globe 1997, et qui réunissait des bateaux de 50 à 70 pieds. Catégorie reine, les Class40 étaient au nombre de 23 sur la ligne de départ, et pas moins d’une quinzaine pouvait alors prétendre à la victoire, animés par des équipages de haut vol. Et la course de tenir toutes ses promesses : performances, avec ce record des 24 heures battu par Guillaume Pirouelle et ses boys de Sogestran-Seafrigo (440,2 milles!), régate au contact du début à la fin, avec au final, 12 bateaux arrivés en un peu plus de 2 heures, et une aventure majuscule vécue 15 jours durant, et sur, en moyenne, plus de 3 400 milles, par tous les équipages confrontés à toutes les conditions de navigation imaginables, fluviales et côtières, dépressionnaires et anticycloniques, et une lutte à couteaux tirés de tous les instants. Achille Nebout, Gildas Mahé et Alan Roberts l’emportent sur Amarris, ajoutant le panache à leur victoire, en terminant les 850 derniers milles du parcours sur un seul safran!
Un Atlantique perturbé
Avec l’arrivée ce matin de Team Martinique Horizon de Jean Yves Aglaé, 16 heures seulement après le vainqueur Achille Nebout, seules les filles de Femina Ocean Challenge Equinoxe et Julia Virat sont ce matin encore en course. La longueur inattendue de l’épreuve s’explique par un Ocean Atlantique particulièrement perturbé, sur lequel aucun des grands systèmes météos habituellement en circulation estivale n’était au rendez-vous. Les navigateurs, au prix de belles triturations intellectuelles, ont dû réécrire en permanence leurs plans de course, dès la sortie du golfe du Saint Laurent, pour trouver, entre dorsales déventées et petits centres dépressionnaires et orageux actifs, la meilleure route vers la Bretagne. Si la route directe entre Québec et Saint-Malo comptait en théorie 2 845 milles, ce sont en moyenne plus de 3 500 milles qu’auront en définitive couvert tous les protagonistes.
Coup de théâtre en sortie du golfe du Saint Laurent
Et cet exercice de s’avérer dès les premières heures en Atlantique fatal pour nombre de leaders et vainqueurs potentiels. Ambrogio Beccaria (AllaGrande Pirelli), Ian Lipinski (Crédit Mutuel), Erwann Le Draoullec (Everial), ou Alberto Bona (IBSA group), pour ne citer que les plus huppés, se jetaient ainsi à corps perdu et avec conviction sur une route Nord hélas rapidement oblitérée par l’absence de vent, les obligeant à un pénible et pénalisant changement de tactique. La course se décantait ainsi dès les premiers jours en Atlantique, piégeant les Nordistes, libérant les partisans d’une route au sud de l’orthodromie. Mais, de vastes zones anticycloniques barrant l’Atlantique, les leaders se voyaient rapidement, dans le sillage déjà d’un Fabien Delahaye (Legallais) et d’un Pierre-Louis Attwell (Vogue avec un Crohn) particulièrement inspirés, contraints de rallonger leur route au Sud, au point de croiser, au 9ème jour de course, quelques 300 milles seulement dans le Nord des Açores. Les battus d’hier pouvaient alors recommencer à croire en leurs chances et les écarts un moment comptabilisés à plus de 240 milles entre protagonistes du Sud et infortunés du Nord, commençaient à fondre, et n’allaient cesser de resserrer jusqu’à l’atterrissage sur Ouessant.
Compression à Ouessant
La course revenait en effet par l’arrière, sous l’effet d’une dépression en circulation vers l’Est et qui ramenait sur le leader Legallais tous les prétendants à la victoire. Amarris, pourtant privé de l’un de ses safrans, jouait à merveille le dernier gros coup de cette Transat, glissant dans le sud de son adversaire venu buter sur les petits airs du golfe de Gascogne. Jouant le tout pour le tout avec son seul appendice définitivement à poste bâbord, il parvenait à tenir à faible distance ses adversaires directs pour s’imposer et signer une magnifique victoire. Trois équipages Normands, ceux de Fabien Delahaye (Legallais), Pierre Louis Attwell (Vogue avec un Crohn) et Guillaume Pirouelle (Sogestran - Seafrigo) intègrent le «top five», en compagnie de l’équipage 100% féminin d’Amélie Grassi, toujours aux avant-postes et grande animatrice du final de cette très époustouflante transat.
Achille Nebout - Amarris
« Je dédie cette grande victoire à ma fille, Jalla, née avant la course. C’est en effet une grande victoire, une immense satisfaction pour tout l’équipage. On s’est battu, dans l’adversité, face à une concurrence féroce, souvent à vue, bord à bord. C’est un peu miraculeux car nous perdons notre safran tribord à 850 milles de l’arrivée. Nous avons un moment pensé nous arrêter, et peut-être abandonner. Avant Ouessant, nous avons pu profiter d’un long bord sur le bon côté, et en restant au sud de la flotte, avons bénéficié d’un excellent angle de vent qui nous a permis de revenir sur Legallais et le passer au moment où il butait dans la molle. Mais après Ouessant, au près, et dans le vent qui forcissait, nous avons navigué avec le safran sur le mauvais bord, et à notre grand étonnement, ça a marché. On a donc terminé ainsi, sans changer le safran de bord. C’est un peu miraculeux. C’est aussi dû à la qualité de mes équipiers, Gildas (Mahé) et Alan (Roberts). On s’est parfaitement entendu, et la cohésion et la complémentarité a joué à plein. C’est la première fois que je remporte une course aussi mythique que la Québec Saint Malo. C’est une course folle, intense, avec d’incessants rebondissements. Ce fut une très longue édition, avec énormément de transitions et de variations météos. L’expérience humaine est fantastique. »
Résultats Class40 - 23 participants
Position, Bateau, Skipper, Jours en mer, Distance parcourue, vitesse moyenne
1, Amarris, Achille NEBOUT, 14j 19h 6mn 59sec, 3 493.91, 9.84
2, Legallais, Fabien DELAHAYE, 14j 19h 36mn 14sec, 3 495.02, 9.83
3, Vogue avec un Crohn, Pierre-Louis ATTWELL, 14j 19h 40mn 30sec, 3 488.89, 9.81
4, La Boulangère Bio, Amélie GRASSI, 14j 19h 47mn 38sec, 3 487.76, 9.80
5, Sogestran Seafrigo, Cédric CHÂTEAU, 14j 20h 9mn 26sec, 3 428.57, 9.63
6, E Leclerc - Ville La Grand, Antoine MAGRE, 14j 20h 10mn 10sec, 3 508.54, 9.77
7, IBSA Group, Alberto BONA, 14j 20h 19mn 42sec, 3 386.14, 9.50
8, Captain Alternance, Keni PIPEROL, 14j 20h 24mn 6sec, 3 432.30, 9.63
9, Café Joyeux, Nicolas D’ESTAIS, 14j 20h 34mn 27sec, 3 351.24, 9.40
10, DEKUPLE, William MATHELIN MOREAUX, 14j 20h 36mn 1sec, 3 423.13, 9.60
11, EVERIAL, Erwan LE DRAOULEC, 14j 20h 45mn 14sec, 3 405.77, 9.55
12, Crédit Mutuel, Ian LIPINSKI, 14j 21h 20mn 40sec, 3 378.42, 9.45
13, Pierreval - Fondation Good Planete, Vincent RIOU, 14j 21h 31mn 6sec, 3 450.74, 9.65
14, Movember, Cédric DE KERVENOAEL, 14j 22h 38mn 1sec, 3 439.03, 9.59
15, La Manche evidence nautique, Nicolas JOSSIER, 14j 23h 27mn 16sec, 3 481.11, 9.68
16, Nestenn - Entrepreneurs pour la planète, Jules BONNIER, 14j 23h 47mn 54sec, 3 337.62, 9.28
17, Mer Entreprendre, Thibault HECTOR, 15j 2h 13mn 37sec, 3 351.71, 9.25
18, Team Martinique Horizon, Jean-Yves AGLAE, 15j 11h 9mn 40sec, 3 288.80, 8.86
Abandons:
Acrobatica - Alberto Riva
Alternative Sailing - Mathieu Jones
Alla Grande Pirelli - Ambrogio Beccaria
Wasabiii - Stéphane Bodin
Classe Gerry Roufs : Atlas Ocean racing vainqueur :
Le VOR 70 Atlas Ocean Racing de Gilles Barbot, a franchi en vainqueur la ligne d’arrivée de la Transat Québec saint Malo aujourd’hui lundi 15 juillet à 14 heures et 43 minutes et 50 secondes Françaises. Il a parcouru les 2 845 milles théoriques de l’épreuve en 14 jours,18 heures, 13 minutes et 50 secondes, à la vitesse moyenne de 8,03 noeuds. Il a en réalité parcouru 3294,62 milles sur le fonds, à la vitesse moyenne de 9,30 noeuds.
Position, Voilier, Skipper, Temps de course, Distance parcourue, Vitesse moyenne
1, Atlas Ocean Racing, Gilles BARBOT, 14j 18h 13mn 50sec, 3 294.62, 9.30
2, Uship pour enfants du Mékong, Patrick ISOARD, 14j 23h 24mn 59sec, 3 269.39, 9.10
4 Voiliers de 50 à 70 pieds composaient cette Classe.
Deniers voiliers attendus : le 17 juillet : Kriter VIII vers 15h, Femina vers 21h/22h, et Georges Leblanc le 18 juillet à 2h du matin