Faites vos jeux !

Le passage en milieu de nuit de la flotte de tête de la Transat Québec Saint-Malo sous le Cap Race, à l’extrémité Sud-Est de Terre-Neuve, marque l’entrée en Atlantique. 2 000 milles d’océan séparaient alors les protagonistes de l’arrivée à Saint-Malo. Ce nouvel épisode de cette Transat d’Ouest en Est s’écrit d’emblée sous le signe des choix de route marqués, entre une voie au Nord, ouverte par l’ancien leader « historique » de la course, Alla Grande Pirelli d’Ambrogio Beccaria, parvenu cette nuit à rattraper puis à doubler le grand VOR70 Atlas Ocean Racing, leader de la Classe Gerry Roufs. Plus de 70 milles en son Sud, c’est Vincent Riou (Pierreval - Fondation Goodplanet), décidément peu avare de route radicale, qui glisse au vent de la flotte. Les classements provisoires s’en trouvent chamboulés, et comme souvent, c’est au plus près de la route directe et sur une voie médiane qu’il faut chercher le nouveau leader, en l’occurrence un habitué des accessits de la course, Achille Nebout et son Amarris. Oubliée désormais l’ambiance estivale du Saint-Laurent. Froid, ciel chargé, embruns… et vitesse habillent ce nouvel acte venté, en bordure Nord des hautes pressions Açoriennes, avec leurs flux de Sud Ouest tant attendus.

Une flotte éclatée en latitude !

Le petit temps qui scandait le passage sous Terre-Neuve aura permis aux 21 Class40 de tête, accompagnés des 4 grands voiliers de la Classe Gerry Roufs, de soigner leur entrée en Atlantique. Dès le passage sous le cap Race, les équipages ont mis en place leurs stratégies respectives pour aborder la grande traversée. Le vent se cale à l’Ouest, favorisant la glisse sur un axe Sud, ou l’enchaînement des empannages pour aller au Nord chercher les angles de vent qui demain favoriseront la vitesse. Gare aux petite cellules anticycloniques éparpillées sur la route, et que nulle dépression ne vient balayer pour l’heure. Faites vos jeux !

Longtemps leader et auteur d’un début de course sans heurt et sans reproche, Ambrogio Beccaria et ses boys d’Allagrande Pirelli, Bastian Oger et Julien Villon, n’ont pas hésité cette nuit à mettre leur première place dans la balance et en suspens, enchaînant les empannages dans le vent enfin établi à l’Ouest Sud Ouest, pour grimper au-delà des 47 degrés de latitude Nord. Choix largement et drastiquement contesté par Vincent Riou. Le vainqueur du Vendée Globe 2005 laisse glisser son Pogo S4 Pierreval-Fondation Goodplanet sur une route Sud au vent de toute la flotte. Une route médium rassemble ce matin les suffrages du gros des troupes. Au plus près de l’ortho, Achille Nebout, Gildas Mahé et Alan Roberts récupèrent cette première place un temps occupé lors de la descente du Saint Laurent. Les Class40 s’ébrouent enfin et renouent avec des vitesses plus en rapport avec leurs étonnants potentiels, 15 nœuds et plus. L’Atlantique, qu’aucune grande dépression n’est récemment venue chamailler, demeure parfaitement carrossable et aucune crête abrupte ne vient ralentir la glisse des bateaux.

A noter : Julia Virat et ses navigatrices du Class40 Femina Ocean Challenge Equinoxe, un moment reléguées en sortir du Saint Laurent à près de 200 milles des leaders, recollent sensiblement à la flotte, revenue à 122 milles de la tête et proche de faire son entrée en Atlantique dans la journée.

Des nouvelles de : Patrick Isoard – Uship pour Enfants du Mékong.

« Depuis ce matin, c’est ambiance «Bancs de Terre Neuve», brumeux, froid, humide, gris et pas mal de bouée de pêcheurs à ne pas prendre dans les appendices.

Au lever du jour, nous sommes passés proche de Saint Pierre et Miquelon, belle image et belles couleurs de l’île qui surgit de la brume. Beau spectacle. Nous avons passés de longues heures à nous démêler des zones de calmes et trouver ce fameux vent de Sud à Sud Ouest tant attendu pour quitter Terre Neuve et aborder l’Atlantique Nord. 

Ce soir nous devrions passer le cap Race au SE de Terre Neuve et amorcer la traversée de l’Atlantique Nord sur plus de 2000 NM. Le choix de la route n’est pas encore complètement fixé. Nous attendons les fichiers météo de ce soir pour nous décider pour une route plus ou moins Nord. Le choix ne sera pas facile.

Cet après midi nous avons vu notre première baleine, un Rorqual Commun superbe, tout noir, juste à côté du bateau. Magnifique spectacle impressionnant. Cela nous a récompensé de tous les efforts de navigation (Zone interdite,vitesse limitée ...) que nous avons mis en œuvre.

Nous sortons de cette première partie de course en bonne position, second derrière le plus grand bateau de la flotte et à seulement 35 NM derrière lui. Nos deux autres concurrents sont à plus de 45 NM derrière. Nous sommes également dans un groupe de 6 Class40 et nous sommes à 20 NM du groupe des leaders de la classe. »

L’humour de Cédric de Kervenoal - Movember

« Ce ne sont pas les grandes glissades annoncées. On n’est pas très loin de nos amis Malouins. Ils étaient nos voisins de pontons, alors forcément on s’attache au bout d’un  moment. Mais comme dit le proverbe, il n’y a de meilleures compagnies que celles qui se quittent! On aimerait bien les décrocher. Sinon, nous avons suivi à la lettre les consignes, à savoir, ne pas aller trop vite pour ne pas déranger les animaux, notamment les baleines. C’est donc un succès absolu, sur le plan écologique tout au moins. En revanche, sur le plan sportif, ce n’est pas tout à fait la même chose. »

Pierre Louis Attwell – Vogue avec un Crohn

« Ça y est ! On a retrouvé du vent ! On est sous spi. Enfin une nuit avec des belles vitesses. Ça fait du bien. On est dans un bon petit groupe avec Amarris et Legallais. Le ciel est bien chargé et il ne fait pas hyper chaud. Mais on va vite et ça, c’est cool. On devrait garder de la pression pendant encore un petit moment, avant une phase de molle et dans l’attente d’une dépression qui pourrait nous emmener jusqu’à la maison. »

Pablo Santurde - IBSA Group

« On fait des coups, des bons et des mauvais. On s’accroche ! La route est longue, et au moins, on rigole bien »

Julia Virat - Femina Ocean Challenge Equinoxe

« Début de course compliqué. Ça se passe mieux à présent, On navigue mieux. On a pu passer Saint-Pierre et Miquelon avec un peu d’air. La mer est plate. On se fait plaisir et on a pu grappiller quelques milles sur la flotte… »

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