Vers un nouveau départ en Manche ?

Espoir des uns, cauchemar des autres, le scénario envisagé par tous est bien, en cette fin de 13ème jour de la Transat Québec Saint-Malo, celui d’un regroupement généralisé de pas moins de 18 Class40 et deux Classe Gerry Roufs à la pointe de Bretagne. Legallais, le Lift V2 de Fabien Delahaye a vu, en 24 heures, fondre son avance de moitié. Elle ne se compte plus ce matin qu’en une grosse quinzaine de milles sur son valeureux dauphin Amarris d’Achille Nebout, pourtant amputé de l’un de ses safrans. Un resserrement facilité par cette dorsale anticyclonique étendue en travers du golfe de Gascogne, et qui n’alimente plus les voiliers en approche que d’un bien faiblard flux de Sud Est. Et les poursuivants de profiter encore aujourd’hui d’un peu plus de pression que les leaders, pour continuer à combler leur retard, et rêver d’une entrée en Manche avec des espoirs revigorés d’accessit aux podiums Malouins.

La revanche des Nordistes

Sévèrement punis par l’évaporation inopinée de leur stratégie de route au nord de l’orthodromie dès la sortie du golfe du Saint Laurent, ils sont un certain nombre de protagonistes de la Class40, William Mathelin (Dékuple) ou Nicolas D’Estais (Café Joyeux) dans le sillage de Ian Lipinski (Crédit Mutuel) à bénir ce matin leur position septentrionale, sous le vent du groupe Legallais, qui leur permet aujourd’hui de recoller à 50 milles du leader. Avec devant leur étrave, environ 500 milles à parcourir dans les petits airs, tous les espoirs leur semblent permis. Au près dans ce vent mollissant, les cartes sont redistribuées et c’est bien au choix et au soin des trajectoires que vont désormais se perdre ou se gagner les précieux milles vers la Cité Corsaire. Un week-end sous très haute tension s’avance pour des marins usés par près de deux semaines d’une course certes palpitante, mais qui aura soumis caractères et organismes à toutes les épreuves imaginables en mer, gros temps tempétueux, et déprimants calmes plats, en quête perpétuelle de routes souvent aléatoires et peu gratifiantes en gain vers l’arrivée. Il faut pourtant à tous ces protagonistes rester plus que jamais mobilisés car la physionomie de régate expérimentée dans le Saint Laurent, à vue, dans les courants et les vents capricieux, leur est de nouveau proposée à l’approche des rivages de Bretagne Nord. Les expériences cumulées de nombre des protagonistes de la Class40 en Figaro et autre Tour de France à la Voile vont de nouveau resurgir et il faudra beaucoup de fraicheur et d’inspiration pour venir, lundi après-midi, glisser sous les remparts de Saint-Malo en meilleure position possible.

Revoilà Atlas Ocean Racing

Le plus grand voilier de la flotte, le VOR70 Atlas Ocean racing profite à fond et depuis plusieurs jours de sa position au plus près de l’ortho, loin dans le Nord de la flotte des Class40. À belle allure, il devrait être le premier des bateaux de la Transat Québec Saint-Malo à entrer en Manche demain après-midi, et entamer une lente approche vers la Cité corsaire.

La Boulangère-Bio, 3ème !

On se souvient que dès l’entame de la course, Amélie Grassi avait dû se séparer de sa coéquipière Claudia Conti blessée, et débarquée à Saint Pierre et Miquelon. C’est, aidée des seules Anne Claire Le Berre et Marie Riou, qu’elle fait depuis mieux que tenir tête aux équipages masculins de la course. Elle a placé hier soir un nouveau coup d’accélérateur qui la place ce matin sur la troisième marche d’un très provisoire podium, à une poignée de milles d’Amarris et Achille Nebout, dont on connait les pénalisants problèmes de safrans.

Point sur les arrivées selon les derniers routages :

Les ETA (Estimated Time of Arrival) sont les mêmes qu’hier, avec un regroupement des class40 et GERRY ROUFS :

LUNDI 15 JUILLET :

Legallais et Amarris, sont attendus vers 14h40/15h

Et les suivants à suivre jusqu’à 18h30

Atlas Ocean Racing vers 18h

Lycée maritime et Aquacole de Larochelle vers 20h

MARDI 16 JUILLET :

El Unicornio vers 4h du matin

Team Horizon vers 5h du matin

MERCREDI 17 JUILLET :

Femina Ocean Challenge vers 16h

Sont abandons: Acrobatica, Alternative Sailing et Alla Grande Pirelli

Mots du large :

Benjamin Schwartz – Legallais

« À 2 jours de l’arrivée, on regarde devant mais aussi derrière. Ça revient fort, un peu moins que prévu mais ce sera serré. On se concentre sur nous. »

Pierre-Louis Attwell – Vogue avec un Crohn

« On s’approche du dénouement. On est le plus à l’Est. C’est notre dernier bord vers la Bretagne. On s’attend à un regroupement.Ce sera chaud jusqu’au bout. On se bagarre pour garder notre place. C’est un nouveau départ. Les copains sont revenus par l’arrière et les écarts sont remis à plus tard… »

Amélie Grassi – La Boulangère Bio

« On glisse sous gennaker vers la Bretagne. Notre antenne de réception VHS est partie dans la dépression. On l’a remplacé par une antenne de secours. On reste vigilante sur l’eau. »

Guillaume Pirouelle – Sogestran Seafrigo

« On a retrouvé de la vitesse derrière l’anticyclone, en ligne droite vers la Bretagne. On a retrouvé IBSA Group sous notre vent. Course de vitesse à présent. »

Everial – Erwan Le Draoulec

« Beaucoup de mer derrière la dépression qui doit nous mener en Manche. La mer est énorme et ne nous permet pas de garder les routages. Ça tape trop et on ne peut pas suivre la dépression. Il faut qu’on calme le jeu. On risque de finir avec très peu de vent… »

Jules Bonnier - Nestenn Entrepreneurs pour la planète

« On attaque la dorsale qui bouge vers l’Est. On attend un nouveau front. On a bien avancé mais le vent est tombé. La mer est levée par la dépression et le bateau tape. On est content d’avoir un peu de soleil. On a touché du vent qui nous pousse vers l’arrivée. C’est le sprint final ! »

Les premiers mots d’Alberto Riva, skipper d’Acrobatica et arrivé sur l’île de Florès aux Açores.

« Ce n’est pas facile pour moi de revenir dessus émotionnellement. Nous naviguions vent de travers, poussés vers la France par une forte dépression. Les conditions météo étaient très rudes, il y avait des rafales de 35 nœuds de vent, avec de hautes vagues et des déferlantes balayant le pont. Le bateau allait très vite et les conditions à bord, comme vous l’aurez vu sur les vidéos, étaient compliquées à cause des secousses constantes. De façon soudaine, il y a eu une collision et en moins de deux minutes, ‘Acrobatica’ s’est complètement rempli d’eau. Nous avons eu beaucoup de chance, personne n’a été gravement blessé, mais nous n’étions plus en sécurité en restant à bord. Après avoir activé l’EPIRB, nous avons lancé un Mayday et avons été secourus par le tanker ‘Silver Ray’. Après cela, grâce à la demande du MRCC [Centre de coordination de sauvetage maritime ou de l’organisation compétente, ndlr], nous avons été débarqués à Flores, aux Açores, où nous nous trouvons actuellement».

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